Quand on parle d’hypnose, on fait souvent référence à une partie consciente et une partie inconsciente. Que sont ces deux parties ? L’inconscient nous est-il inaccessible ?
En quelques mots, j’aime définir l’inconscient comme cette partie de nous, de notre cerveau, qui contient de nombreux processus cognitifs qui ne nous sont pas accessibles directement à travers notre mémoire, nos réflexions, notre raisonnement logique, mais qui peut se manifester à diverses occasions.
Par exemple, des automatismes qui ont été intégrés — gravés — dans notre cerveau à tel point que nous exécutons des actions sans avoir besoin d’y porter attention. Marcher en mettant un pied devant l’autre, nous n’y pensons plus. Faire du vélo, un automatisme qui nous semble évident à tel point que nous pouvons penser à autre chose. Conduire sa voiture, tout en rêvassant au programme de la journée ou à ce que l’on a fait la veille, et se rendre compte que « tiens, je suis déjà ici ? Je ne me souviens pas avoir fait le trajet ». Comme si une partie de nous était capable de prendre le relais, tel un pilotage automatique, alors que notre partie consciente est occupée à d’autre pensées. Et pourtant, si besoin, notre attention (consciente) peu soudainement revenir en place en une fraction de seconde, si une personne traverse la route… Cette partie inconsciente serait alors douée de traiter en tâche de fond un grand nombre d’informations en provenance de nos sens (vision, ouïe, sensations tactiles et corporelles…), de notre mémoire, piloter nos muscles via nos nerfs, « rappeler » la partie consciente en cas d’imprévu.
Parfois, cette partie inconsciente serait celle qui nous donne une intuition sur une situation qui se présente : rencontre d’une personne, résolution d’un problème, décision à prendre… Nous avons souvent le réflexe de vouloir analyser rationnellement ces situations. Faire confiance à nos sens conscients. Et pourtant, nous savons aussi que certaines choses peuvent nous influencer, comme celles qui relèvent de la communication non verbale : la gestuelle d’une personne, ses micro-expressions. J’aime à penser que cette intuition serait le résultat de processus de réflexion inconscients, qui prennent en compte beaucoup plus d’informations que les simples sens que nous traitons consciemment. Comme si une autre grande partie d’information, trop discrète pour être conscientisée, était tout de même prise en compte et analysée par des processus cognitifs complexes et extrêmement rapides. Une intuition qui nous vient, face à une situation qui se présente, serait-elle le résultat — ou un message subtil — que cette partie inconsciente en nous essaye de nous transmettre ?
Parfois aussi, cette partie inconsciente aime se rappeler à nous — partie consciente — en nous faisant faire des lapsus, des actes manqués, des mouvements involontaires, des rêves étranges. C’est là le domaine des psychologues et psychanalystes. Serait-ce là des indices visibles de ces processus internes enfouis, occultés ? Une partie immergée d’un iceberg qui remonterait soudainement jusqu’à notre conscience ?
La part inconsciente contient des souvenirs oubliés — ou du moins enfouis. Elle contient des traumatismes, des peurs, des addictions, parfois des identités multiples. Mais aussi notre part créative et imaginative, nos valeurs profondes, nos automatismes, nos processus vitaux internes. Nous redoutons parfois d’explorer ce qui s’y trouve car sait-on vraiment ce qu’elle contient de mystère ? Mais nous savons parfois que le seul moyen de libérer des émotions enfouies, ou de mieux se connaître soi-même, serait d’aller explorer cette partie.
L’hypnose permet de dissocier notre partie consciente et notre partie inconsciente. Alors que la partie consciente est occupée à quelque chose, celle-ci n’est donc plus en train de s’occuper à retenir ou « brider » la partie inconsciente ; la partie inconsciente devient accessible et peut s’exprimer. On peut même dialoguer avec elle, lui poser des questions, obtenir des réponses venues « d’on ne sait où », si ce n’est de nous-même. On peut lui parler sous forme d’analogies, de métaphores. Elle peut nous transmettre des messages sous forme d’image, de sons, de mouvements, de rêves. Alors on découvre qu’il suffit parfois de renouer le dialogue entre la partie consciente et la partie inconsciente, de rétablir cet alignement, pour lever certains blocages, certaines frustrations.
Plusieurs outils très différents peuvent être utilisés : techniques issues de diverses tendances de l’hypnose ; programmation neurolinguistique (PNL) ; techniques rythmiques, etc.